SOS, planète en crise

La pandémie, la crise alimentaire croissante et le réchauffement de la planète étaient à l'ordre du jour en 2021. L'absence d'une réponse énergique et viable à la crise climatique laisse présager une voie apocalyptique sans retour pour la vie et la Terre Mère.

11/01/2022
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Omicron

 

La "vague Delta" n'était pas terminée en Europe quand Omicron a fait irruption, avec une contagiosité jusqu'alors inconnue. Le Covid-19, installé début 2020, multiplie les mutations et continue de conditionner la "normalité" quotidienne sur toute la planète.

 

Outre son impact sanitaire agressif, la pandémie révèle un tissu de contradictions civilisationnelles. L'une d'entre elles, dénoncée par les statistiques les plus fiables : les plus riches continuent de s'enrichir sans discontinuer. La crise actuelle a joué - et joue toujours - le rôle de déclencheur des écarts sociaux. Aujourd'hui, le monde est encore plus polarisé en termes d'inégalité qu'avant l'apparition de ce virus. Alors que la richesse des milliardaires a augmenté de plus de 3'600 milliards d'euros, 100 millions de personnes supplémentaires ont rejoint les rangs de l'extrême pauvreté, en raison de la crise sanitaire actuelle.

 

L'autre contradiction, non moins importante, résulte de la mauvaise répartition des différents vaccins, radiographie d'une planète à deux vitesses. Alors que dans les pays "développés" du Nord, les 3ème et 4ème doses sont administrées à la population souhaitant être vaccinée, dans de nombreux pays *périphériques*, les vaccins disponibles ne couvrent qu'un faible pourcentage de la population. Un peu plus de 7 % des personnes dans les pays à faible revenu ont reçu une dose, tandis que ce pourcentage atteint 75 % dans les pays à revenu élevé. En Afrique, moins de 10 % de la population a été vaccinée, alors qu'en Europe et aux États-Unis, plus de 70 % l'ont été. Cette inégalité est accentuée par la décision des pays riches et des multinationales produisant des vaccins d'empêcher que ceux-ci soient produits librement dans différentes parties du monde, comme le demandent d'important·es acteurs et actrices de la société civile mondiale qui proposent une exception temporaire au droit des brevets.

 

La faim en hausse

 

Le 23 septembre 2021 n'a pas été un jour glorieux. Pour 10% de la population mondiale, soit quelque 800 millions de personnes qui souffrent actuellement de la faim, le Sommet sur les systèmes alimentaires, convoqué par les Nations unies à New York, est passé inaperçu.

 

Pour les mouvements sociaux qui cherchent des solutions quotidiennes à ce cataclysme mondial, le sommet n'a été qu'un peu plus de la même chose. En d'autres termes, une pure rhétorique sans réelle volonté politique de trouver des solutions stratégiques.

 

"Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires est méprisable et représente une menace pour la souveraineté alimentaire des peuples", a déclaré Via Campesina, commentant l'événement à New York. Ce réseau mondial rassemble plus de 200 millions de paysan·nes de 81 pays, ainsi que près de 600 mouvements sociaux de petit·es agriculteurs et agricultrices, de travailleurs et travailleuses, de peuples autochtones et d'ONG du secteur. Via Campesina avait déjà décidé en juillet de boycotter le Sommet. Les mouvements populaires ont formé un front uni pour dénoncer l'illégitimité de cet événement et les tentatives des sociétés transnationales de s'approprier le débat ainsi que les propositions futures.

 

Pour ces mouvements, la solution à la crise climatique, à la faim, aux migrations forcées et à l'extrême pauvreté réside dans le peuple, et non dans le pouvoir des grandes entreprises multinationales. Elle doit émerger des principes de souveraineté alimentaire et de justice sociale et considérer l'alimentation comme un droit humain fondamental, et non comme une marchandise destinée à la spéculation commerciale. Il est indispensable de respecter les systèmes alimentaires à petite échelle, diversifiés et agro-écologiques présents dans nos pays. Selon les mouvements sociaux, le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de 2021 se situe aux antipodes de ces principes. La faim reste une réalité dramatique, même si les solutions pourraient être simples : il suffirait de privilégier l'agroécologie à l'agrobusiness et de miser sur la souveraineté alimentaire pour remplacer le paradigme inacceptable de "nourriture=marchandises".

 

La planète est en feu

 

Aux échecs de la lutte contre le Covid-19 dus à la faim et aux inégalités croissantes, s'ajoute un troisième facteur : l'aggravation de la crise climatique.

 

Le Sommet mondial sur le climat qui s'est tenu à Glasgow en novembre dernier n'a pas permis de réaliser des progrès substantiels en ce qui concerne l'objectif consistant à garantir un réchauffement maximal de 1,5°C d'ici à 2030, comme le réclament le monde scientifique et la société civile mondiale.

 

Cette rencontre a également révélé le choc de deux conceptions contradictoires. D'une part celle des grandes puissances qui contrôlent, opposent leur veto ou bloquent les Nations Unies elles-mêmes, avec des propositions tièdes et insuffisantes, alors que le monde scientifique diagnostique depuis des années l'extrême gravité de la maladie. D'autre part, la vision d'une grande partie de la société civile mondiale - mouvements environnementaux, ONG de développement, syndicats, réseaux et plateformes - qui s'est mobilisée de manière critique dans les rues de Glasgow et de dizaines d'autres villes du monde pendant la COP26 pour souligner que "l'urgence climatique" doit être la clé d'interprétation d'une société humaine engagée dans une course accélérée vers l'autodestruction.

 

2021 se termine par trois frustrations civilisationnelles qui se chevauchent : la lutte non résolue contre la faim, le combat perdu pour le climat et la crise pandémique. La trilogie d'un système mondial en crise, l'expression d'une planète qui se fragilise de jour en jour.

 

Traduction: Rosemarie Fournier

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/214699?language=en
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