Prudence et confusion, après la confirmation de l’assassinat de Jovenel Moïse

Personne ne sait ce qui se cache derrière l’assassinat de Jovenel Moïse, qui a décidé de s’accrocher, par la force, à la présidence, malgré la fin de son mandat constitutionnel, le dimanche 7 février 2021.

07/07/2021
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Jovenal Moise
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La population en Haïti observe la plus grande prudence, après la confirmation de l’assassinat, vers 1:00 am (5:00 gmt), ce mercredi 7 juillet 2021, à l’age de 53 ans (né le 26 juin 1968 à Trou-du-Nord / Nord-Est d’Haïti et mort assassiné le 7 juillet 2021 à Pétionville), du président de facto Jovenel Moïse, par un commando armé, dans sa résidence à Pèlerin 5 (Pétionville, à l’est de la capitale, Port-au-Prince), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

 

Il y aurait eu plusieurs détonations d’armes à feu, vers 1:00 locale, à Pèlerin 5, rapportent des témoins.

 

C’est seulement à l’aube, ce mercredi 7 juillet 2021, que des unités de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont commencé à se déployer, dans les environs de la résidence de Jovenel Moïse, selon des sources journalistiques.

 

C’est le flou, sur les circonstances entourant l’assassinat de Jovenel Moïse.

 

Les journalistes, qui ont pu sillonner les rues, dans la capitale, Port-au-Prince, n’ont pas remarqué de patrouilles policières, en différents endroits.

 

La plupart des stations de radio n’ont pas diffusé leurs émissions d’informations matinales, attendant d’avoir plus de renseignements et des données précises sur la situation, en cours, après l’assassinat de Jovenel Moïse.

 

Il y a justement une semaine, dans la matinée du mercredi 30 juin 2021, la presse était rudement frappée par l’assassinat du journaliste de Radio Vision 2000, Diego Charles, tué de 2 balles par des bandits armés, à la rue Acacia, dans la zone de Christ Roi (Port-au-Prince). La militante féministe Antoinette Duclaire était également exécutée de plusieurs balles, non loin du domicile de Diego Charles, qu’elle venait de raccompagner.

 

Beaucoup de médias sont contraints à un silence forcé, en attendant de voir plus clair sur les événements à venir…

 

Bien que la situation reste globalement calme, sur le territoire national, beaucoup de citoyennes et de citoyens ont préféré, par précaution, ne pas s’aventurer dans les rues, ce mercredi 7 juillet 2021.

 

Les rues sont désertées, en début de matinée de ce 7 juillet 2021.

 

La circulation automobile est réduite. Beaucoup de chauffeurs de transports publics, qui comptaient assurer le transport de passagères et de passagers, se sont vite empressés de regagner leurs domiciles, après avoir appris la nouvelle de l’assassinat de Jovenel Moïse.

 

Également dans l’expectative, les chauffeurs de taxis-motos ne sont pas présents dans les différents carrefours.

 

Dans les villes de province, c’est aussi l’attente, comme dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince. En petits groupes, citoyennes et citoyens partagent des commentaires sur la confirmation de l’assassinat de Jovenel Moïse, qui, durant sa présidence, lançait des invectives et menaces directes sur la population.

 

A l’aube, il y avait beaucoup d’échanges, sur les réseaux sociaux, invitant chacune et chacun à rester attentifs à ce qui allait se passer en Haïti.

 

La recommandation principale : éviter de gagner les rues pour aller vaquer à ses occupations régulières, dans un contexte encore marqué par un niveau élevé de criminalité des gangs armés, qui imposent leur loi de violences, dans différents quartiers.

 

Depuis plusieurs mois, la sécurité globale n’est pas assurée. Toute personne, qui sort dans les rues, est exposée aux violences des gangs armés, qui décident, à n’importe quel moment, de tirer sur tout ce qui bouge.

 

Le lundi 5 juillet 2021, les gangs armés à Martissant (périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince) ont tiré sur une ambulance de la Clinique Jean Wilfrid Albert, Paroisse St Mathias, Grande Colline, qui empruntait la zone. L’infirmière Lorna Rose Virgile Fils-Aîmé, qui se trouvait dans l’ambulance, a été tuée d’une balle à la tête.

 

Personne ne sait ce qui se cache derrière l’assassinat de Jovenel Moïse, qui a décidé de s’accrocher, par la force, à la présidence, malgré la fin de son mandat constitutionnel, le dimanche 7 février 2021.

 

Depuis plusieurs mois, l’opinion publique dénonçait le régime inconstitutionnel et illégal de Jovenel Moïse, qui, concentrant tous les pouvoirs, s’arrogeait le droit de décider unilatéralement, en dehors de toutes les institutions, sur la marche politique d’Haïti, en sautant tous les verrous et mécanismes de contrôle institutionnel.

 

Par son entêtement sans bornes, il voulait contraindre Haïti à accepter un référendum inconstitutionnel et illégal, ainsi que des élections irrégulières.

 

En dépit de la situation de terreur des gangs armés, sur le territoire national, l’Organisation des Nations unies (Onu) et l’Organisation des États américains (Oea) continuent d’exiger la tenue d’élections générales, avant la fin de l’année 2021.

 

En ce 7 juillet 2021, après l’assassinat de Jovenel Moïse, des interrogations pleuvent sur les risques d’éventuels chaos, sur les comportements, que vont adopter l’équipe de facto et la Police nationale d’Haïti, autour de la direction des affaires publiques, dans les jours et semaines à venir…

 

Rester chez soi, ne pas se rendre au bureau aujourd’hui, telle est la consigne pour les fonctionnaires des ambassades, missions diplomatiques, organismes internationaux et autres.

 

C’est la confusion et l’incertitude sur ce qui adviendra dans les heures, semaines et mois à venir.

 

En dernière heure, les autorités de la République Dominicaine ont décidé « la fermeture immédiate » de tous les points frontaliers avec la république d’Haïti.

 

« Nous avons donné l’ordre de fermer immédiatement » la frontière de 380 kilomètres, qui sépare Haïti de la République Dominicaine, a annoncé à l’Agence France Press (Afp) la porte-parole du ministère dominicain de la Défense, Ceinett Sanchez.

 

Condamnant, sur son compte Twitter, l’assassinat de Jovenel Moise, qu’il considère comme un « attentat contre la démocratie dans la région », le président dominicain Luis Rodolfo Abinader Corona a décidé de convoquer d’urgence une réunion d’évaluation, au ministère dominicain de la défense, avec le haut commandement militaire et policier, rapporte aujourd’hui le journal dominicain « Listin Diario », consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

 

NdE: Postérieure a la publication de cet article, le premier ministre intérimaire a annoncé l'état de siège dans le pays.

 

07 juillet 2021, AlterPresse

http://www.alterpresse.org/spip.php?article27195#.YOXe-ehyfEg

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/212972
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