Faire payer Amazon

01/12/2020
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L'Internationale Progressiste se mobilise avec les travailleur·euse·s d'Amazon et leurs allié·e·s dans le monde entier. Voici pourquoi.

 

La solidarité est le véhicule qui permet de délivrer un monde juste. Faire payer Amazon est le point de départ.

 

Nous lançons un mouvement planétaire pour faire payer Amazon #MakeAmazonPay. Allez sur le site MakeAmazonPay.com et rejoignez-nous !

 

La taille et la puissance d'Amazon placent l'entreprise au cœur même des crises de la dégradation du climat et de l'inégalité économique qui sévissent sur notre planète. La croissance de la richesse astronomique du PDG Jeff Bezos - qui a augmenté de 100 milliards de dollars depuis mars, dépassant désormais celle de tout autre être humain dans l'histoire - est directement proportionnelle aux coûts humains et environnementaux d'Amazon : son entreprise maltraite ses travailleur·euse·s, détruit le climat et sape au passage les institutions publiques qui sous-tendent nos démocraties.

 

Pour s'attaquer à Amazon, il ne suffira donc pas de réduire la richesse personnelle de Jeff Bezos ou d'appeler à la responsabilité sociale de l'entreprise. Il faudra un mouvement mondial organisé dans toutes les dimensions de l'empire en expansion d’Amazon : pour les travailleur·euse·s, pour les peuples et pour la planète.

 

C'est pourquoi en ce jour une coalition internationale de travailleur·euse·s militant·e·s entame une mobilisation planétaire pour faire payer Amazon (#MakeAmazonPay). De Sao Paulo à Berlin, de Seattle à Hyderabad, les militant·e·s diffuseront ce cri de ralliement sur les principaux sites d’Amazon, faisant savoir à l'entreprise que ses jours d'impunité sont révolus. Rassemblant des syndicats, des écologistes et des citoyen·ne·s du monde entier, cette coalition exerce le seul pouvoir qui puisse répondre à la force du capital transnational : la solidarité.

 

En quelques années seulement, Amazon s'est imposée comme un centre névralgique dans le circuit du capitalisme mondialisé. Ayant d'abord révolutionné les liens entre la production, la distribution et la consommation sur sa plate-forme numérique, l'infrastructure en nuage et le commerce électronique de l'entreprise donnent à Amazon une influence déterminante sur d'énormes pans de la vie sociale et économique de la planète.

 

Le réseau de pouvoir des entreprises d'Amazon s'étend à nos lieux de travail et à nos vies. Les producteur·trice·s et les fournisseur·euse·s n'ont pas d'autre choix que de s'associer à Amazon pour conserver ou accéder aux consommateur·trice·s. Les consommateur·trice·s ont, pour leur part, le sentiment qu'iels ne peuvent guère éviter Amazon, à moins d'être prêt·e·s à attendre plus longtemps et de pouvoir payer plus cher. Grâce à des technologies de surveillance de masse comme Alexa, Echo et Amazon Ring, l'entreprise a infiltré des millions de foyers et recueilli leurs données les plus intimes.

 

Au centre de ce réseau, on trouve Amazon Web Services, qui a joué un rôle clé dans le fonctionnement des industries extractives et du maintien de l’ordre public ; ainsi que l’arrivée récente d'Amazon dans des secteurs tels que les services financiers, l'alimentation et les soins de santé. Amazon est en effet devenu un État privé transnational totalement irresponsable et prédateur, voire un empire du XXIe siècle.

 

En l'absence d'un mouvement commun pour le défier, Amazon a réussi à étendre son empire à tous les pans de l'économie mondiale. Mais le vent commence à tourner. La récente participation des travailleur·euse·s du secteur des technologies à la grève mondiale pour le climat a été suivie d'importantes concessions de la part de la direction d'Amazon. Les alliances transnationales de travailleur·euse·s dirigées par UNI Global Union [Syndicat mondial UNI] et Amazon Workers International [Internationale des travailleur·euse·s d’Amazon] ont réussi à intégrer la résistance des travailleur·euse·s qui était jusqu'alors diffuse. Au niveau international, les groupes de défense des intérêts publics ont placé l'urgence de démanteler Amazon au cœur des débats politiques.

 

Ces efforts nous montrent la voie à suivre. Pour faire en sorte qu'Amazon paye ses dettes envers les travailleur·euse·s, la planète et la société, nous devons poursuivre une stratégie en trois points :

 

  • Premièrement, reconnaître la nature internationale et intersectionnelle de la lutte contre Amazon.

  • Deuxièmement, s'organiser au-delà des frontières nationales et des sphères étroites d'activisme.

  • Troisièmement, politiser cette lutte en l’incarnant directement dans les arènes législatives du monde entier.

 

Tels sont les objectifs de la campagne qui a été lancée aujourd'hui.

 

En premier lieu, les revendications communes de notre coalition ont une portée mondiale. Nous sommes conscient·e·s que le pouvoir d'Amazon dépend de sa capacité à exploiter les différences entre les juridictions nationales pour mener la course mondiale vers le bas en matière de protection sociale et environnementale.

 

Nous reconnaissons également les intersections de l'injustice d'Amazon. L'injustice environnementale de la pollution par Amazon, par exemple, affecte de manière disproportionnée les personnes de couleur. La monopolisation du secteur de « l'informatique en nuage » par la société est à la base de ses liens étroits avec le Big Oil [terme qui désigne les six plus grandes compagnies pétrolières privées mondiales]. Notre coalition réunit donc les environnementalistes de Greenpeace et de 350 avec des groupes comme Data 4 Black Lives, la Coalition Athéna et la Hawkers Federation of India [Fédération indienne des vendeur·euse·s ambulant·e·s].

 

En ce qui concerne le deuxième point de la stratégie, l'action d'aujourd'hui unit les travailleur·euse·s de toute la chaîne d'approvisionnement d'Amazon : depuis les travailleur·euse·s des technologies du siège social d'Amazon à Seattle et les travailleur·euse·s des entrepôts organisé·e·s par les affilié·e·s d'UNI Global Union, l'Awood Centre et l'Amazon Workers International, jusqu'aux travailleur·euse·s de la chaîne d'approvisionnement des usines de confection du Bangladesh.

 

Et troisième objectif : notre coalition ne demande pas à Jeff Bezos de changer le modèle d'entreprise d'Amazon par pure bonté d’âme. Au contraire, le mouvement vise à développer un pouvoir législatif qui puisse mettre un terme à l'« amazonisation » de nos économies et de nos sociétés. Nous invitons les législateur·trice·s progressistes du monde entier à se joindre à nous, et à s'associer à ce mouvement mondial pour faire payer Amazon. [#MakeAmazonPay]

 

La mission de cette campagne est aussi simple que radicale : faire advenir un monde différent.

 

Un monde dans lequel les entreprises qui servent principalement les intérêts de leurs PDGs sont remplacées par des coopératives qui servent les intérêts du plus grand nombre.

 

Un monde dans lequel l'activité économique ne mène pas à la destruction du climat, mais à la reconstruction et à l'épanouissement de l'environnement.

 

Un monde dans lequel les marchés sont régis par des institutions démocratiques, et non l'inverse.

 

La solidarité est le véhicule qui permettra de réaliser ce monde. Faire payer Amazon, c'est par là que nous commençons.

 

- Casper Gelderblom est membre du Secrétariat de l’Internationale Progressiste et coordinateur de la campagne #MakeAmazonPay.

 

https://progressive.international/wire/2020-11-26-make-amazon-pay/fr

 

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/210012

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