Le journalisme, une profession à haut risque

20/11/2020
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Mural conmemorativo en Kabul a los periodistas muertos en Afganistán en 2016
Foto: Farin Waezi Fardin UNAMA
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Le lundi 9 novembre, le journaliste Israel Vázquez Rangel fut assassiné alors qu’il couvrait l’exhumation de restes humains dans la municipalité de Salamanca (Etat de Guanajuato). Il y a à peine une semaine, dans l’Etat de Sonora, le communicant Alfonso Piñuelas avait connu le même sort. Arturo Alba Medina, animateur de l’émission Teleradio, sur Multimedios Televisión, dans la ville de Juárez (Etat du Chihuahua) fut assassiné dans les derniers jours d’octobre. Trois victimes les plus récentes, toutes au Mexique.

 

Les chiffres sont effrayants. Dans la dernière décennies, tous les quatre jours, on a enregistré l’assassinat d’un-e journaliste. 9 sur 10 de ces meurtres sont restés impunis. Les organisations internationales dénombrent 157 assassinats dans le monde entier, durant la période 2018-2019.

 

Selon les Nations Unies, l’Amérique latine et la Caraïbe continuent d’être la région la plus violente pour ce type d’agressions contre des travailleur/euse/s de la presse. Durant les neuf premiers mois de cette année, plus de 40 meurtres ont été dénombrés: 16 d’entre eux sur le continent latino-américain, 11 dans la région Asie et Pacifique, 7 dans les Etats arabes et 5 en Afrique.

 

Les femmes journalistes font l’objet d’attaques liées à leur genre, tant dans le cyberespace qu’en dehors de celui-ci, du harcèlement par des trolls en passant par les agressions physiques et sexuelles, précise une étude de l’UNESCO, divulguée le 2 novembre – jour international pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes.

 

Le Mexique incarne le pire exemple

 

La nation aztèque continue d’« être l’un des pays les plus dangereux du monde pour l’exercice du journalisme », souligne la Fédération internationale des journalistes (FIJ), lors du lancement à la fin octobre d’une campagne annuelle contre l’impunité.

 

La FIJ rappelle que, dans ce pays, depuis 2006 – année où débuta la dénommée « guerre contre le narcotrafic », la commission nationale des droits humains pour le Mexique a reconnu que 90 % des crimes commis contre les journalistes restent impunis. « A nouveau, nous voyons ici des centaines de cas où les autorités corrompues, liées à ces assassinats, continuent d’occuper des positions de pouvoir », souligne cette organisation mondiale (dont le siège se trouve à Bruxelles), qui regroupe 600.000 journalistes affilié-e-s à 187 syndicats dans 140 pays.

 

Les statistiques mondiales font frémir. Selon la FIJ, depuis 1990, 2.644 journalistes ont perdu la vie. Il est évident que « dans le monde entier, les groupes au pouvoir font d’énormes efforts pour cacher la vérité et terroriser ceux et celles qui s’avisent de la raconter... ». La mort de ces journalistes « signifie que des milliers d’histoires d’intérêt public ne sont pas racontées. Quand cela se produit, la démocratie est sérieusement affectée ».

 

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) réitère que la sécurité des journalistes est vitale pour l’accès des sociétés et des démocraties à une information diverse et indépendante. Aussi pur promouvoir le dialogue interculturel, la paix et la bonne gouvernance.

 

Pour le 10 décembre 2020, l’UNESCO organise, avec le Royaume Uni et les Pays, une conférence internationale digitale et présentielle. Son thème central : le renforcement des enquêtes et des jugements pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes. Dans cette réunion, seront présentées les directives à l’intention des procureurs pour les enquêtes et les jugements des délais et des attaques commis contre les travailleur/euse/s de la presse.

 

Traduction Hans-Peter Renk

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/209850
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