Travailler au sein du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour mettre en oeuvre les droits paysans

05/10/2016
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La Via Campesina réclame un groupe de travail incluant les organisations paysannes au sein du Traité international sur les ressources phytogénétiques afin de permettre la mise en œuvre des droits des paysans.

 

(Bali, le 30 septembre 2016). Lors de la consultation mondiale sur les droits des paysans, organisée par le Gouvernement indonésien et avec l'appui du gouvernement de la Norvège et du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (TIRPAA), qui s'est tenue à Bali du 27 au 30 septembre, une délégation représentant le mouvement paysan mondial, La Via Campesina, s'est jointe à la société civile pour réclamer la participation de la société civile, des peuples autochtones et des organisations paysannes aux processus de prise de décisions les concernant. Ils demandent au Traité de constituer un groupe de travail sur les droits des paysans avec une représentation suffisante d'organisations de paysans et de peuples autochtones.

 

Après avoir exprimé sa déception de voir, qu'en dépit de ses 15 ans d'existence, le traité a fait très peu pour mettre en œuvre les droits des paysans, la délégation des paysans, comprenant des femmes, des hommes, des jeunes et des représentants des peuples autochtones, a demandé que leurs recommandations issues de la Consultation de Bali soient présentées lors de la prochaine réunion de l'Organe directeur du TIRPAA. Ces recommandations portent sur plusieurs points : - la création d'un mécanisme permanent pour garantir la mise en œuvre des droits des paysans, - un travail sur la définition de lois et de législations nationales facilitant la mise en application des droits des paysans, - la recherche de moyens pour soutenir les systèmes semenciers paysans dans chaque pays, en prenant en compte leur contexte local, culturel, politique et économique.

 

La Via Campesina, mouvement mondial de paysans, représentant plus de 200 millions de petits producteurs dans 73 pays, a également pris note de l'initiative des Gouvernements de l'Indonésie et de la Norvège, qui ont veillé à ce que des paysans de La Via Campesina et de la Plateforme internationale pour la Souveraineté alimentaire fassent partie, pour la première fois, du processus. Lors des précédentes consultations, les paysans de La Via Campesina n'avaient pas pris part au processus de consultation qui traitait des droits des paysans. Dans ce contexte, La Via Campesina apprécie et reconnaît l'importante contribution que ces deux gouvernements ont apportée au processus du Traité.

 

Au cours de ces trois longues journées de consultation, La Via Campesina s'est déclarée déçue du blocage par l'industrie de la demande des paysans d'exclure les droits de propriété intellectuelle et les lois sur les brevets. Ces lois attaquent directement les droits des paysans d'utiliser, conserver, échanger et vendre leurs propres variétés locales de semences. La Via Campesina demande donc au traité d'exhorter les pays membres de mettre fin à la criminalisation des paysans et des peuples indigènes engendrée par ces lois.

 

75% de la nourriture produite dans le monde est produite par les paysans qui le font localement et avec des systèmes informels de semences paysannes. Il est urgent de requérir une mobilisation internationale dans le but de soutenir et de protéger le système des semences paysannes. Tous les pays et gouvernements devraient également élaborer des politiques publiques afin de faire fonctionner et soutenir ces systèmes de semences paysannes.

 

Il est important de protéger ces systèmes de semences paysannes contre les systèmes mondiaux de libre échange propagés par les entreprises semencières produisant surtout des OGM. Au cours de la consultation, La Via Campesina s'est trouvée face à un mur lors des discussions sur la contamination par les OGM et les semences brevetées. Or, le fait que les trois plus grandes compagnies semencières annoncent des fusions et des collaborations financières, afin de pouvoir contrôler les deux-tiers du marché mondial des semences et des pesticides, représente une réalité terrifiante. Un tel monstre à trois têtes constitue une nouvelle menace pour les systèmes paysans traditionnels et la souveraineté alimentaire des peuples.

 

La Via Campesina est choquée par l'annonce faite à la fin de la réunion de Bali par l'une des banques mondiales les plus importantes de germoplasme de maïs et de blé - du système multilatéral du Traité - le CIMMYT. Cette banque de gènes a signé un accord de partenariat avec DuPont, la deuxième plus grande entreprise semencière au niveau mondial, afin de créer de nouveaux OGM cachés qui contamineront toutes ses semences paysannes dans ses freezers ou ses champs, permettant ainsi la privatisation des semences par des brevets.

 

Dans les jours précédant la réunion de l'Organe directeur du traité en octobre 2017, La Via Campesina va renforcer la mobilisation dans ses pays membres et travailler localement en vue de renforcer les systèmes de semences paysannes. Elle effectuera également le suivi des progrès que la société civile effectue au niveau du Secrétariat du Traité et de son Organe directeur.

 

 

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Pour consulter les interventions faites par Via Campesina lors de la Consultation du Traité – veuillez visiter les sites www.twitter.com/via_campesina ou www.viacampesina.org

 

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/180745?language=en
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