De dialogue en dialogue

27/02/2019
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P-au-P., 26 févr. 2019 [AlterPresse] --- Le président Jovenel Moïse a procédé hier au Palais national à l’installation du Comité de facilitation du dialogue inter-haïtien, avec 5 membres sur 7.

 

Avant même la présentation publique du comité, deux de ses membres ont en effet jeté l’éponge. Charles Suffrard, issu d’une structure organisationnelle paysanne a démissionnné 24 heures auparavant, déplorant un communiqué de la présidence annonçant que le comité aura à travailler à la mise en place d’un nouveau gouvernement. Une mission qui ne figure pas dans l’arrêté signé par le chef de l’État le 21 février.

 

L’autre personnalité qui ne s’est pas présentée à la cérémonie d’installation est l’entrepreneur Rudolph Dérose.

 

Marie Carmelle Mentor, Kettly Julien, Carlo Joseph, Dorothie Senatus et Marie Michel Sylvie Rameau sont les 5 membres qui ont été installés.

 

Le dialogue est « l’exigence absolue de l’heure », s’exclame Jovenel Moïse dans son discours de circonstance.

 

Il appelle les deux autres pouvoirs de l’État (législatif et judiciaire), la classe politique, le secteur des affaires, la société civile et la communauté internationale - à titre d’observateur – à apporter « tout leur appui et toute leur collaboration afin que les conclusions du dialogue reflètent la volonté de toutes et de tous ».

 

Un appel réitéré par Kettly Julien qui a pris la parole au nom du Comité de facilitation du dialogue inter-haïtien.

 

Quelle chance que ce dialogue national apporte un apaisement ?

 

Une chance très mince ou nulle. Au lendemain de la dernière mobilisation anti-gouvernementale de début février ayant provoqué la paralysie générale des activités durant une dizaine de jours, le président Jovenel Moïse a eu des pourparlers avec des personnalités de divers milieux, notamment du secteur privé.

 

La semaine dernière, il a buté sur le refus de la plateforme inter-religieuse Religions pour la Paix, Haïti (Rpph) de servir comme facilitatrice dans la crise. Des membres de cette structure estiment que les conditions ne sont pas réunies.

 

Bientôt un an que le chef de l’État avait lancé les États généraux sectoriels de la nation, dont l’échec est patent, ainsi que le processus de dialogue confié au premier ministre Jean Henry Céant après la crise de juillet 2018, qui a emporté le précédent gouvernement de Jack Guy Lafontant.

 

Aujourd’hui, il n’y a pas de vrai dialogue en vue en Haïti, selon le père Jean-Denis Saint-Felix, doyen de la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université notre dame d’Haïti et supérieur de la congrégation des Jésuites dans le pays. Pour lui, les initiatives prises jusqu’à présent n’ont qu’une finalité cosmétique.

 

Il estime qu’un réel dialogue nécessiterait un patient travail de préparation et d’appropriation, qui devrait amener à poser non seulement les problèmes conjoncturels, mais également les difficultés structurelles. Car, dit-il, il n’y a aucune solution possible aux problèmes du pays à l’intérieur du système en place, qui est totalement épuisé et qui doit être repensé.

 

26 février 2019

http://www.alterpresse.org/spip.php?article24095#.XHWw57h7nIU

https://www.alainet.org/es/node/198428
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