Perspectives d’élections partielles en 2008

04/01/2008
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En 2007, Haiti jouit d’une certaine stabilité politique, d’une relative amélioration de la sécurité, tente de redorer son image diplomatique, accuse un léger progrès économique, mais sans impact réel sur le quotidien, tandis que les secteurs sociaux et culturels sont très actifs.

L’année 2007 s’est achevée sur des perspectives de prochaines élections partielles pour le renouvellement d’un tiers du sénat, dont le mandat arrive à terme le 2e lundi de janvier 2008, ce qui parait écarter une éventuelle crise institutionnelle, estime l’agence en ligne AlterPresse.

En décembre, le président René Préval nomme un nouveau Conseil électoral provisoire (Cep), présidé par Frantz-Gérard Verret et dirigé par Jacques Bernard, ce dernier retrouvant ainsi les fonctions qu’il a occupées durant une période sous le Cep précédent.

Installé le 12 décembre, le nouveau Cep a aussi pour mandat d’organiser des élections indirectes au niveau des collectivités territoriales. Ce processus permettra, entre autres, l’établissement du premier Conseil Électoral Permanent, prévu depuis 20 ans par la Constitution du 29 mars 1987.

Durant plusieurs semaines, on redoutait une crise institutionnelle en Haïti avec la perspective de la fin du mandat d’un tiers du sénat, alors que l’ancien Cep était en difficulté et faisait face à des dissensions internes et à une absence de confiance de la part de l’Exécutif.

La mise en place du nouveau Cep a été réalisée avec la participation de divers secteurs politiques représentés au parlement ainsi que d’autres secteurs organisés de la société.

Diplomatie : Plusieurs importantes visites

L’évolution connue par Haïti au plan politique et l’amélioration relative de la sécurité favorisent la visite dans le pays caribéen de plusieurs personnalités, dont le vice-président uruguayen, Rodolfo Nin Novoa, en mai, le premier ministre canadien, Stephen Harper, en juillet, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, en août, et le secrétaire d’État français aux affaires étrangères, Rama Yade, en septembre.

A la fin de l’année 2007, Haïti accueille la conférence mondiale des maires, qui a lieu en novembre à Saint-Marc (Nord). Plusieurs dizaines de représentants de 12 pays membres prennent part à cette conférence, inaugurée par le premier ministre Jacques Édouard Alexis, qui y voit un geste de « solidarité active ».

Amélioration de la sécurité, mais la plaie (banditisme) demeure ouverte

Une des brûlantes questions d’actualité a été celle de l’insécurité et de la violence armée, durant l’année écoulée, marquée particulièrement par la multiplication d’actes de kidnapping, notamment à Port-au-Prince. Dès janvier, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (Minustah) entame, conjointement avec la police nationale d’Haïti (Pnh), une importante opération contre les bandes armées, à Cité Soleil (périphérie nord de la capitale), puis à Martissant (périphérie sud).

Au bout de 4 mois, 5 des principaux chefs de gang de Cité Soleil sont sous les verrous, dont Belony Pierre, Johnny Pierre-Louis, Evens Jeune, tandis que des dizaines d’arrestations de présumés bandits ont lieu. Mais, jusqu’à présent, les forces de l’ordre sont à la recherche de Amaral Duclonat, présenté comme un des plus importants chefs de bande armée, accusé de multiples crimes.

Suite à ces opérations, Haïti connaît un certain apaisement en matière de violence et d’insécurité. Cependant, au cours du mois de décembre, les kidnappings augmentent, avec une trentaine de cas signalés.

Minustah : Nouveau chef, nouveau mandat… et 2 scandales

Un nouveau chef civil de la Minustah, le tunisien Hedi Annabi, prend ses fonctions en septembre à Port-au-Prince et remplace le guatémaltèque Edmond Mulet. Ce changement se produit au moment où se tient, à la capitale haïtienne, une conférence des ministres de la défense des pays de l’Amérique Latine ayant des troupes au sein de la Minustah, notamment le Brésil, l’Argentine et le Chili.

Le 15 octobre, le conseil de sécurité des Nations Unies renouvelle le mandat de la Minustah pour une période de 12 mois. Désormais, s’ajoute, aux tâches de la force onusienne, celle de contribuer au contrôle des frontières maritimes et terrestres d’Haïti.

En août, à la tribune des Nations Unies, le président René Préval avait applaudi au renouvellement attendu du mandat des casques bleus et plaidé en faveur d’une réorientation de cette force qui doit être « réinventée », de manière à concourir au développement du pays.

D’autre part, 2 scandales d’abus sexuels et corruption marquent le parcours de la Minustah en 2007. Le 3 novembre, la mission est obligée de renvoyer dans leur pays 108 soldats sri lankais impliqués dans des abus sexuels. La ministre à la condition féminine, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, réclame que l’État haïtien puisse prendre part au jugement annoncé au Sri Lanka. Parallèlement, plusieurs secteurs de la société haïtienne requièrent des sanctions pour les coupables et des réparations pour les victimes.

En décembre, la presse révèle que 5 employés de la Minustah ont facilité un contrat de 10 millions de dollars de vente d’essence à la compagnie Distributeurs Nationaux S.A.

Économie : Quelques progrès, mais sans impact immédiat sur la vie quotidienne de la population

Des progrès ont été enregistrés au cours de l’année écoulée en matière économique en Haïti, selon les chiffres officiels. Mais la population peine à en ressentir l’impact.

Le Produit intérieur brut (Pib) enregistre une croissance de 3.3%, soit 1 point de plus qu’en 2006. Les secteurs les plus importants sont l’agriculture, la construction et le commerce. L’inflation passe de 14% en 2006 à 8% en 2007.

Le déséquilibre persiste dans les échanges entre Haïti et l’étranger. Les exportations atteignent 700 millions de dollars, tandis que les exportations sont de l’ordre de 2 milliards de dollars.

Avec les changements climatiques, les précipitations enregistrées, plus nombreuses que plusieurs années auparavant, ont affecté aussi bien la production nationale agricole, les infrastructures que la consommation, sans compter le lot de deuils ayant frappé les communautés. Seulement au cours du dernier trimestre de l’année, on compte une centaine de morts au cours de 3 séries d’intempéries causées par des ouragans, dont Noel, le plus meurtrier, qui frappe le pays en novembre.

La bonne nouvelle pour Haïti, c’est que, malgré tout, cette nation caribéenne a laissé la catégorie des pays à faible développement pour faire partie des pays à développement moyen, selon le rapport des Nations Unies sur le développement humain, publié en novembre. Sur une liste de 177 pays, Haïti se trouve à la 146e place.

D’autre part, 2007 était l’année de la signature des Accords de partenariat économique (Ape) entre l’Union Européenne et la Communauté économique des Caraïbes. En décembre, le gouvernement haïtien donne son accord conditionnel à la signature de ces accords, qui devront être ratifiés au début de 2008 par le parlement.

Les secteurs sociaux, qui considèrent ces accords désavantageux pour Haïti, mettent en œuvre, à la fin de 2007, une série de mobilisations contre la signature des Ape. Une coalition dénommée « Bare Ape » (Halte aux Ape) organise des conférences, des manifestations, des sit in, etc. Ces actions donnent également lieu à des débats entre plusieurs secteurs.

Efforts d’articulation au niveau des luttes sociales

Les secteurs sociaux continuent d’éprouver des difficultés à articuler leurs luttes, en dépit d’efforts consentis pour renforcer des espaces de coordination, alors que les organisations sont affectées par un contexte fait de contraintes économiques et de confusion politique.

Cependant, la tendance à l’action commune se raffermit au sein des secteurs sociaux. Tel qu’initié par les mouvements féministes, il y a quelques années, les mouvements paysans poursuivent un processus de rapprochement afin de constituer véritablement leur secteur.

En décembre, sur la base d’une analyse critique de leurs lignes et actions, 4 mouvements impliquant les paysans au niveau national et régional signent une entente pour mettre fin à leurs désaccords et cheminer ensemble à la recherche du bien-être de la population paysanne et de la nation. Il s’agit du Mouvement Paysan National du Congrès de Papaye (Mpnkp), de l’Union des petits paysans haïtiens (Tèt Kole), du Mouvement des paysans de Papaye (Mpp) et de la Coordination régionale des organisations du Sud-Est (KROS).

Renforcer le dialogue entre Haïtiens et Dominicains

Des initiatives sont prises, en 2007, par les secteurs sociaux pour favoriser le dialogue entre Haïtiens et Dominicains sur la thématique des relations entre les 2 pays.

En avril, le Dialogue haitiano-dominicain des Églises (Dhde) organise à Port-au-Prince une conférence internationale sur l’avenir des relations entre Haïti et la République Dominicaine. Des personnalités haïtiennes, dominicaines et norvégiennes prennent part à ces échanges axés sur les questions environnementales.

En novembre, le Groupe Médialternatif (Haïti) et Espacinsular (République dominicaine) réunissent à Port-au-Prince des journalistes des 2 pays en vue d’analyser le traitement donné par les médias haïtiens et dominicains à la question haïtiano-dominicaine. A l’issue d’un examen critique, les journalistes formulent des propositions pour améliorer la couverture de cette thématique.

D’autre part, des initiatives sont prises en Haïti et ailleurs pour dénoncer la situation des braceros haïtiens dans les bateyes dominicains. Une des activités ayant obtenu le plus d’échos est l’exposition de photos « Esclaves au paradis », qui est présentée en décembre à Port-au-Prince, après avoir été vue en France et au Canada.

Multiplication d’événements culturels

De nombreux événements culturels mobilisent les Haïtiens en 2007. Tout au long de l’année, des manifestations culturelles marquent le centenaire du célèbre écrivain haïtien Jacques Roumain. En mars, a lieu le premier festival de Jazz de Port-au-Prince, de même que des mégaconcerts de plusieurs grands artistes internationaux, dont Alpha Blondy et Mario Canonge, en mars, Akon et la star haïtiano-américaine Wyclef Jean, en décembre.

On note aussi la tournée africaine, en avril, du chanteur haïtien Belo, récipiendaire du prix Découvertes RFI 2006, la rentrée littéraire de novembre, réunissant des écrivains haïtiens et étrangers à la capitale, et le festival littéraire « Etonnants voyageurs », réalisé en décembre en Haïti.

Sport : Renouer avec la victoire

Plusieurs nouvelles sportives suscitent la joie en Haïti en 2007. En janvier, l’équipe haïtienne senior de foot-ball remporte la coupe caribéenne, en avril Haïti se qualifie pour la coupe du monde des moins de 17 ans et en juin l’équipe senior participe à la la Gold Cup à Miami (USA).

Désormais, en foot-ball, les Haïtiens nourrissent le sentiment que tous les espoirs sont permis pour Haïti.

Source:  Alterpresse.
https://www.alainet.org/es/node/125046
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