Chavez organise la rébellion des anges

09/03/2013
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A
Tandis qu’au Ciel, Hugo Chavez, ne perd pas une seconde, à Caracas comme le prévoit la constitution le vice-président Nicolas Maduro a assumé la présidence de la République. Il sera le candidat du mouvement populaire face à la droite aux prochaines élections. Les sondages lui donnent un niveau de suffrages proche de ceux que recueillent les autres gouvernants progressistes tels qu’Evo Morales, Dilma Roussef, Rafael Correa, etc… Nicolas Maduro n’est pas plus « modéré » que Chavez n’était « dur ». Ces poncifs de journaliste science-po européen oublient comme d’habitude que ce ne sont pas les « experts » qui votent mais les populations. Les électeurs vénézuéliens décideront qui ils souhaitent favoriser dans les urnes parmi les divers candidats de gauche et de droite, et voteront en connaissance de cause pour un des programmes qui leur seront soumis. La campagne démarre lundi et si Nicolas Maduro est élu lors des nouvelles élections présidentielles du 14 avril 2013, il le sera sur la base d’un programme. C’est ce plan en cinq objectifs, sorti vainqueur des urnes du 7 octobre 2012 (et occulté par les grands médias, pour d’évidentes raisons) qui sera soumis au vote, non un « look » personnel.
 
Mais la démocratie vénézuélienne va plus loin que les rendez-vous électoraux. Lorsqu’on parle avec quelques unes des millions de personnes (parmi lesquelles un marcheur nommé Evo Morales) qui forment depuis plusieurs jours à Caracas des files de plusieurs kilomètres pour rendre un dernier hommage à leur président, on se rend compte rapidement qu’il ne s’agit pas de la manifestation d’une croyance aveugle comme le prétendent des médias jamais à court de mépris de classe. Tous les peuples latino-américains sont profondément religieux mais ce peuple venu des quartiers populaires, des zones rurales, réaffirme une culture politique en expansion : la participation citoyenne dans la construction de l’État. Autre caractéristique de cette mobilisation populaire : le mélange de civils et de soldats de tout bord, sans que ceux-ci suscitent la moindre peur parmi les citoyen(ne)s. Des soldats qui avant Chavez étaient utilisés par l’élite pour réprimer toute rébellion sociale.
 
Piedad Córdova / AVN
 
C’est un autre trait des gouvernements de gauche latino-américains que d’avoir mis fin à cette longue histoire de disparus, de massacres et d’avoir reconstruit l’humanité, la vocation citoyenne, pacifique des forces armées. Piedad Córdoba, ex-sénatrice colombienne et militante des droits humains : « Chavez s’est chargé de faire en sorte que le chavisme ne dépende pas de lui, c’est une école de leadership collectif, aujourd’hui il y a des millions de Chavez ».
 
 
 
Ce samedi 9 mars 2013, depuis Quito, Rafael Correa a initié son programme alternatif de radio et télévision en parlant de « cet ami unique, sur qui on pouvait toujours compter, qui fut le président le plus diffamé, le plus attaqué par les élites propriétaires des médias. Hugo Chavez a toujours répété que nul ne doit être indispensable dans les luttes des peuples. Les dirigeants appuient, coordonnent, impulsent, mais les changements sont accomplis, comme l’a toujours dit Hugo, par nos peuples, et nous en avons un exemple dans ce peuple vénézuélien, plein de dignité, l’espoir, d’enthousiasme, plein de fierté ». Correa a rappelé que lorsqu’il voyage en Europe, il se rend compte de l’impact de cette désinformation quand il entend des jeunes lui parler de « Chavez assassin ». « Voilà ce qu’ils font des présidents qui luttent pour la souveraineté, pour la justice sociale : des assassins ! Et quand je demande : qui a-t-il assassiné ? quel pays a -t-il envahi ?, personne ne peut me répondre. Le fait qu’un visionnaire aussi solidaire, puisse être transformé en criminel, donne une idée de la dictature médiatique en Occident. Nous, nous devons continuer à lutter pour cette Amérique latine en pleine libération. L’Histoire donnera sa vraie place, sa vraie dimension à Hugo Chavez. »
 
Au nom du Mouvement des Travailleurs Sans Terre du Brésil, Joao Pedro Stedile a rappelé lors d’une interview à Telesur ce 9 mars 2013, « le combat commun des Sans Terre et du président Chavez : création d’écoles agro-écologiques, luttes contre les OGM, réforme agraire, souveraineté alimentaire, mais aussi promotion incessante des idées des  mouvements sociaux au coeur de l’intégration latino-américaine. Beaucoup de présidents lorsqu’ils arrivent au pouvoir, se croient les maîtres du monde, ne conservent que la bouche et perdent les oreilles. Chavez, lui, en toute simplicité, t’écoutait, cherchait à converser avec toi pour apprendre,  écouter ».
 
Le Président Santos : « Les progrès concrets dans la paix avec les FARC, nous les devons aux engagements sans limites du président Chavez et du gouvernement vénézuélien ».
 
Juan Manuel Santos rencontre le peuple vénézuélien lors des obsèques du président Chavez, Caracas, le 8 mars 2013
 
 Pour le président colombien Juan Manuel Santos, qui est loin de partager les options idéologiques du président vénézuélien, “le meilleur hommage que nous puissions rendre à Hugo Chávez est d’accomplir ce rêve qu’il a partagé avec nous, l’accord qui mettra fin au conflit et installera la paix en Colombie. Chavez est une grande perte pour la région. Nous avions décidé d’écarter nos divergences pour nous concentrer sur le bien supérieur du peuple du Venezuela et du peuple de Colombie ». Santos a rappelé qu’au troisième jour de sa présidence, ils se sont réunis seuls, en tête à tête, à Santa Marta (Colombie) « sans autres témoins que leur consciences » pour reconstruire les relations entre les deux pays. « Si nous avons avancé sur la voie d’un processus solide de paix, avec des progrès clairs et concrets jamais atteints jusqu’ici avec les FARC, c’est grâce à l’engagement sans  limites du président Chavez et du gouvernement du Venezuela”.
 
L’ex-président Lula da Silva : “Si vous n’existiez pas, vous devriez renaître !”
 
La présidente Dilma Roussef et l’ex-président Lula aux côtés du Vice-président Nicolas Maduro.
 
“Je pense qu’un siècle ne suffit pas pour produire un homme qui possède les qualités de Chávez. On ne voit pas tous les jours un pays élire une personne qui possède un engagement différent avec son peuple”, a pour sa part exprimé l’ex-président du Brésil.  “C’était un homme doté de 80 pour cent de coeur et 20 pour cent de raison, comme, je le crois, doivent l’être tous les grands hommes du monde”. Lula a rappelé que Chavez ne pensait qu’à son peuple et surtout aux personnes les plus pauvres. J’ai eu le plaisir de converser souvent avec lui. Dès le début nous avons noué une relation très forte parce que nous avions de nombreuses affinités. Oui, nous avions des divergences idéologiques mais nous avions beaucoup d’affinités politiques, par exemple sur la relation stratégique entre le Brésil et le Venezuela, comme entre tous les pays d’Amérique Latine. Nous comprenions le rôle des pays pauvres, surtout ceux de l’Amérique du Sud, dans l’affrontement construit avec les pays du nord, surtout dans les questions commerciales et poltiques.
 

chavez-y-lula

« Tout cela a fait qu’un jour, en 2007, nous sommes passés d’une relation entre présidents à une relation de compagnons. Chavez savait que les raisons d’arriver au gouvernement étaient de faire que le peuple du Venezuela se sente fier, qu’il dispose enfin de droits, de travail, de santé et de la possibilité d’étudier. Il a évidement subi une très forte opposition comme nous l’affrontons tous en Amérique Latine... Chavez a valu la peine non seulement pour ces conquêtes mais pour le symbole que signifia ce qu’il a fait pour son pays : un peuple, les enfants, tous ont repris confiance en eux-mêmes. Un peuple a compris que le Venezuela était beaucoup plus grand que ce que les élites voulaient lui faire croire. Je crois que les idées de Chavez comme celles de Bolívar, vivront longtemps, parce que l’Amérique Latine vit un moment exceptionnel. Et Chavez a beaucoup à voir avec cela : la création de l’UNASUR, de la CELAC, du Conseil de Défense de l’UNASUR, de la Banque du Sud, et de tant d’autres idées qu’ensemble nous jetions sur papier et que nous discutions, pour les concrétiser peu à peu. J’ai eu le plaisir de partager avec lui huit ans de présidence et je ressens la fierté d’avoir construit tant de choses positives avec lui. Et je sens aussi la tristesse de n’avoir pas pu faire age. »
 
 
Caracas 9 mars 2013
 
 
https://www.alainet.org/pt/node/74427
Subscrever America Latina en Movimiento - RSS