Pour le respect du droit au logement et à la terre

Des centaines de paysans marchent à Jacmel

02/10/2011
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Jacmel, 3 oct. 2011 --- À l’invitation de la Plate-forme « Je nan Je » (en français : les yeux dans les yeux), regroupement d’une dizaine d’organisations et de mouvements sociaux, des centaines de paysans ont marché pacifiquement, le dimanche 2 octobre, dans plusieurs rues de Jacmel (à 121 kilomètres au Sud-est de la capitale).
 
« Je participe à cette marche pour faire passer mes revendications à l’intention des autorités du gouvernement. Je suis une victime du tremblement de terre du 12 janvier, j’ai tout perdu, sauf ma famille », a déclaré Dieula, une manifestante.
 
« Depuis le séisme, je vis sous une soi-disant tente. Comme d’autres victimes, je suis à bout car ma situation se détériore », a-t-elle signalé, bougeant au rythme de l’animation musicale de la manifestation.
 
Sous un soleil de plomb, la marche a parcouru près de quatre kilomètres entre Meyer et le Parc Pinchinat. Vêtus de t-shirts identiques, des manifestants, des perles de sueur sur le visage et pancartes en main, ont témoigné leur frustration.
 
« L’État reconquiert ta fierté, cesse de compter sur l’aide étrangère » ; « Il ne peut y avoir de la nourriture locale sans la mise en place d’un plan de réforme agraire » ; « Nous demandons le départ immédiat de la Minustah(Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti) », pouvait-on lire sur certaines pancartes.
 
La marche entre dans le cadre d’une série d’activités pour lancer la campagne « Je nan Je », un vaste plaidoyer pour le droit au logement et à la terre, qui cible tout le pays.
 
Les organisations membres de la plateforme ont également exigé une gestion plus transparente des fonds destinés à la reconstruction ainsi qu’un changement dans le plan de reconstruction national.
 
L’idée a été aussi de susciter des débats autour de la problématique foncière et celle des logements précaires en Haïti, en particulier dans le contexte post-séisme.
 
« Qui gère les fonds octroyés à Haïti pour sa reconstruction ? Comment utilise-t-on ces fonds ? », s’est interrogé Ghymps Désauguste, coordonnateur national de la campagne « Je nan Je ». « Il faut que le processus de reconstruction soit utile à tous les citoyens et non à une catégorie », a-t-il insisté, plaidant en faveur de la souveraineté nationale.
 
La coordonnatrice de l’une des organisations membres de la plateforme, Fanm Deside (Les femmes décidées), Marie-Ange Noel, déplore qu’après le séisme, les femmes soient devenues plus vulnérables.
 
« Elles sont sujettes davantage à des discriminations et vivent dans plus de promiscuité. Sous les tentes, elles sont constamment victimes d’agressions sexuelles et physiques, et n’ont pas toujours accès aux services sociaux de base, malgré la présence sur le terrain de plusieurs ONGs évoluant dans le domaine des violences basées sur le genre », a dénoncé Marie-Ange Noel.
 
Lors d’un débat précédant la marche les organisations « Fanm Deside » et la Coalition Regionale des Organisations du Sud-Est (sigle créole KROS) ont partagé le résultat d’une enquête menée récemment sur la problématique du logement et de la terre après le séisme du 12 janvier 2010 dans le département.
 
« Dans plusieurs communes du Sud-Est, notamment à Jacmel, les problèmes liés au logement, à la sécurité foncière et à l’enregistrement [des naissances] sont de plus en plus courants et deviennent plus sérieux », a précisé la représentante de Fanm Deside, Nadia Lafleur.
 
Face à cette situation, la plate-forme « Je nan Je », appelle l’État à assumer ses responsabilités dans le réaménagement du territoire national, et l’élaboration de politiques touchant la sécurité foncière et le relogement.
 
La campagne « Je nan Je » est une initiative de l’organisation internationale ActionAid qui travaille depuis 1997 dans le pays.
 
 
https://www.alainet.org/es/node/153037
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