Résister dans l’espérance

19/12/2007
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Buenos Aires, Décembre 2007

Chers amis, Chères amies,

Recevez un fraternel salut de Paix et de Bien.

Nous arrivons à la fin de l’année 2007 et au début de 2008. Le temps est venu de faire mémoire et de d’examiner le bilan des ombres et des lumières des chemins parcourus. C’est le moment de réfléchir et de faire des projets face aux défis de cette nouvelle année. Pour les chrétiens, c’est aussi le moment de retrouver la force de l’Esprit dans l’annonce de la Bonne Nouvelle que nous apporte Noël avec la venue de Jésus dans nos vies et chez tous les peuples du monde.

Ensemble avec les autres frères et soeurs qui ont une autre vision du monde, d’autres croyances religieuses et d’autres valeurs, nous cherchons à retrouver de l’énergie pour continuer le chemin et partager le pain et la liberté en particulier avec les plus pauvres et les plus nécessiteux. Nous voulons partager le pain qui nourrit le corps mais aussi le pain qui nourrit l’esprit, ainsi que la liberté de la force d’Aimer pour la partager avec nos semblables.

Parmi ces derniers, se trouve Dom Frei Luiz Cappio, ce franciscain Evêque du Diocèse de Barra au Brésil, qui a commencé une action de jeûne et de prière jusqu’à ce qu’on surmonte les injustices et le manque de responsabilité du gouvernement du Brésil qui a envoyé l’armée pour soutenir le détournement du fleuve San Francisco. Oui… c’est là l’oeuvre du compagnon Lula, le président du Brésil, qui malheureusement privilégie encore les intérêts financiers par rapport aux intérêts de son peuple.

Un autre signe d’espérance, ce sont les actions de nos frères indigènes du Cauca en Colombie, qui supporte la répression du gouvernement du président Uribe, de l’armée, des groupes policiers, des paramilitaires et de la guérilla. Ils sont des exemples de dignité et de résistance pour la défense de leurs droits et de leurs valeurs dans l’auto-détermination

Les peuples de Bolivie, d’Equateur, du Mexique, du Venezuela et de Cuba ont assumé la résistance sociale, culturelle et politique pour défendre leurs droits et créer de meilleures conditions de vie avec l’espoir de construire de nouveaux lendemains pour tous.

En Argentine aussi, les peuples indigènes résistent face au saccage et à l’expulsion de leurs terres ancestrales par le gouvernement et les entreprises transnationales. Cette situation provoque chez eux la famine, des morts, du chômage et l’augmentation de la pauvreté. Ces peuples qui sont là depuis l’origine résistent et cherchent à faire valoir leurs droits, leur identité, leur mémoire, leurs valeurs et leur spiritualité.

L’Amérique des gens à la peau noire et celle des métis avec toutes les nuances de leur teint cuivré, est composée de peuples qui sont nés ici avec des racines profondes dans leur interculturalité et leurs diverses langues. Tous ces peuples ont été forgés dans la douleur, dans la résistance et l’espérance, et tous avancent en construisant de nouveaux chemins de vie. Ils comprennent des paysans et des communautés urbaines qui réclament le droit à la terre, à l’habitation et au travail.

Dans tout ce cheminement, le SERPAJ les accompagne. Par leur travail et leur engagement, les membres du Serpaj partagent le pain et la liberté ensemble avec ces peuples, dans tout le continent latino-américain, depuis le Mexique jusqu’à l’Argentine. Ce travail est rendu possible grâce à la solidarité et au soutien de tous ceux qui nous accompagnent depuis plus de 30 ans: les organisations, les églises et les mouvements sociaux.

Rappelons-nous aussi tous les peuples du monde; avec eux, nous restons solidaires devant la situation internationale actuelle.

En effet, la guerre continue toujours au Moyen Orient, en Irak et en Afghanistan, ainsi que les conflits armés en Afrique et en Asie. La situation est grave aussi en Birmanie, où la résistance et la lutte est menée par cette valeureuse femme, Aun Saan Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix et par la révolution orange des moines bouddhistes qui s’affrontent avec elle à la dictature militaire.

En ce qui concerne la faim, ce fléau qui affecte de nombreux peuples dans le monde, l’humanité serait aujourd’hui en mesure de la maîtriser, mais elle n’y arrive pas à cause des intérêts des grandes puissances. On pense également à la destruction du milieu environnemental et des ressources naturelles, comme l’eau et la flore, ressources chaque jour plus rares et pourtant si nécessaires.

Nous voyons bien enfin la nécessité et l’urgence de fortifier les organismes internationaux comme l’ONU et l’OEA (l’Organisation des Etats Américains) afin qu’ils puissent atteindre leurs objectifs qui sont d’être au service des peuples.

Malgré tout cela, nous résistons toujours dans l’Espérance et nous désirons pour tous et pour toutes beaucoup de force en vous souhaitant un Heureux Noël et une Bonne Année Nouvelle.

Adolfo Pérez Esquivel
https://www.alainet.org/es/node/125053
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