Amérique Latine : La crise financière mondiale au centre du 18e Sommet Ibéro-américain à San Salvador

30/10/2008
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Des dirigeants et représentants de 22 pays de l'Amérique Latine, du Portugal et de l'Espagne se retrouvent au 18e Sommet Ibéroaméricain, du 29 au 31 octobre 2008, à San Salvador, pour échanger autour de l'actuelle crise financière mondiale et pour dégager un consensus en faveur d'une urgente réforme du système économique.

Cet éventuel consensus ibéro-américain sera postérieurement transmis « comme une seule voix » à Washington par le Brésil, le Mexique et l'Argentine, pays émergents de la région latino-américaine récemment convoqués par le président nord-américain, George W. Bush, à une réunion du G-20.

Créé en 1999 suite à l'avant-dernière crise économique, le G-20 est composé des membres du G-7 (les 7 pays les plus industrialisés) et des pays dits émergents.

Les participants au 18e Sommet Ibéro-américain ont exprimé à San Salvador une préoccupation commune : l'impact néfaste qu'une crise économique « qu'ils n'ont pas créée » est en train d'avoir sur toute la région.

Causes de la crise

En dépit des conflits entre leurs pays (par exemple, entre la Colombie et l'Equateur, entre l'Argentine et l'Uruguay) et des divergences quant à leurs positions sur la question du libre échange, les dirigeants et chefs d'État ibéro-américains sont unanimes à déceler les causes de la crise actuelle dans l'application dogmatique d'un modèle qui omet le rôle régulateur de l'État. (À rappeler que Cuba et Venezuela s'opposent au libre échange, pendant que le Mexique et El Salvador sont en faveur du protectionnisme et d'autres pays comme l'Espagne adopte pour une position intermédiaire.)

Le président salvadorien, Elías Antonio Saca, a annoncé qu'un document intitulé « Lettre de négociation à ceux qui ont créé la crise » sortira du Sommet.

Dans son discours d'inauguration du Sommet, le secrétaire général ibéro-américain, Enrique Iglesias, a avancé que l'architecture financière mondiale ne peut se reconstruire avec les schèmes des institutions de Bretton Woods, où les décisions sont prises par des techniciens issus d'une puissance dominante. Pour juguler la crise, il a jugé nécessaire la participation et l'inclusion de tous les pays ayant une incidence sur l'économie internationale, dont la région ibéro-américaine.

Pour sa part, la présidente du Chili, Michelle Bachelet, a mis l'accent sur les principales causes de la crise qui, selon elle, sont « l'absence de régulations adéquates du service financier », « l'essoufflement de l'application dogmatique d'un modèle basé sur la dérégulation… priorisant l'intérêt individuel au détriment de l'intérêt de la société, et qui ne croit pas dans le rôle régulateur de l'État pour garantir cet intérêt général et pour promouvoir l'égalité ».

La cheffe d'État chilienne a dressé le sombre panorama qui menace la région suite à la récession : le chômage, la dette, la faim, la réduction des dépenses sociales et toute une génération qui sombrera dans le désespoir…

Conséquences de la crise

Les pays de la région ont déjà commencé à souffrir des conséquences de la crise. Par exemple, l'Argentine est confrontée à la chute des prix des grains représentant 45.2% de ses exportations.

Le Brésil est en proie à la dévaluation et aussi à la chute des prix du pétrole qui a obligé la Banque Centrale à intervenir dans les banques privées.

Le Mexique souffre de la dévaluation et des effets de la décélération de la croissance de l'économie de son puissant voisin, les États-Unis d'Amérique.

Le Venezuela est de plus en plus affecté par la chute des prix du pétrole (90% de ses exportations).

Des analystes prévoient une croissance de 0.3 % pour l'Espagne qui connaît un taux de chômage de 11.33%.

Concernant l'Amérique latine qui a eu l'an dernier une croissance de son Produit Intérieur Brut (Pib) de 5.6 %, le Fonds Monétaire International (Fmi) et la Commission Économique Pour l'Amérique Latine (Cepal) soutiennent que cette année la croissance ne dépassera pas 4% pour la région. La diminution des transferts en provenance de la diaspora latino-américaine et la baisse des prix des matières premières de moins en moins demandées par les économies développées constitueront les principales causes de la décélération de la croissance de la région.

Comme conséquences, les exportations en provenance des pays latino-américains diminueront et le taux de chômage (affectant 27% des 150 millions de jeunes) augmentera dans la région, dont 34 millions d'habitants sont analphabètes, 51 millions souffrent de la malnutrition, selon la FAO, et 47 millions de jeunes vivent dans la pauvreté.

Les pays riches ont apporté à la région, durant les 4 dernières années, une aide de 5 milliards de dollars américains.

Source: Alterpresse (www.alterpresse.org)

https://www.alainet.org/en/node/130667
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